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    Des lieux de Production aux routes de la drogue.

     

     

    Les routes de la drogue, elles sont -tout comme les lieux de production , le siège d’enjeux géopolitiques importants. A chaque étape de la transformation du produit, il y a une plus-value importante : le kilo de feuilles de coca coûte 1,5$ sur le champ du cultivateur, alors que le kg de chlorhydrate coûte 1500$... A chaque obstacle sur la route, on note une multiplication du profit, beaucoup plus importante que dans le cas du diamant, car la drogue ne voyage pas en petites quantités mais par tonnes. Ces obstacles sur la route qui renchérissent le produit sont des frontières, des cols, des détroits, des barrières de radar (comme celle installée par les Américains au Nord du Pérou), des piratages aériens... Ainsi, le kg de cocaïne coûte 3 à 4000 en-deça de la frontière Mexique - Etats-Unis, mais il est vendu 15000$ à Miami. Les enjeux géopolitiques sont donc nombreux tout au long des routes de la drogue, sans compter la présence des narco-Etats comme la Birmanie, puisque les militaires au pouvoir dans cette dictature se chargent de réguler le trafic et d’en profiter.Au total, il y a une escalade des profits entre le producteur et le consommateur : entre le kilogramme de cocaïne payé au producteur et le gramme payé par le consommateur, l’augmentation peut atteindre de 2500%.

    Il existe quatre principaux produits dont les dérivés de la feuille de coca est la plus importante vient ensuite les opiacées (tout ce qui provient du pavot, de l’héroïne à la morphine) puis les dérivés du cannabis (marijuana et haschisch) pour finir par les drogues de synthèse qui posent moins de problèmes géopolitiques dans la mesure où le recours aux produits naturels pour les élaborer est moins important, et où les routes sont courtes entre lieux de production (Pays-Bas, Belgique...) et lieux de consommation. L’escalade de profit est évaluée à une multiplication par 700.

    La feuille de cocaïne, surtout dans les pays andins.


    Le cocaïer est une plante pérenne qui vit une trentaine d’années, et dont les feuilles sont transformées en base de cocaïne, puis en chlorhydrate. Jusqu’en 1995, il y avait deux principaux pays producteurs de feuilles de coca :

    => la Bolivie qui cultivait 50 000 ha illégaux (14 000ha étaient cultivés légalement puisqu’on reconnaissait aux Indiens le droit de mâcher les feuilles de coca)
    => le Pérou où 120 000ha étaient cultivés.
    => On peut ajouter la Colombie (25 à 30 000ha), mais il s’agit surtout d’un grand pays transformateur qui sert de relais transformateur qui sert de relais vers les Etats-Unis

    En 1995, la chaîne de radars aériens chargée de signaler les avions douteux est installée au nord du Pérou. Dès lors, les Colombiens vont beaucoup moins se fournir dans les deux autres pays dont les cultures se rétractent considérablement : depuis 1995, il n’y a plus que 20 000ha illégaux cultivés en Bolivie et 60 000ha au Pérou, soit une diminution de moitié. En revanche la culture de cocaïne explose en Colombie : on passe de 25 à 30 000 ha à 150 000. Il faut dire que la Colombie est plongée dans une atroce guerre civile dont on parle peu, avec 2 millions de personnes déplacées, des groupes armés qui contrôlent des territoires mal tenus par le pouvoir central.

    Les Colombiens ont développé leurs routes afin de fournir les milieux aisés des pays développés . En effet, la cocaïne colombienne est livrée aux 3 à 400 000 consommateurs français qui sont médecins, ingénieurs, dans les milieux financiers donc pas dans les quartiers difficiles ou dangereux. En 1999, 50 tonnes de cocaïne pure ont ainsi était saisie en Europe. Des territoires comme la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Martin ou Saint-Barthélemy sont des paradis du blanchiment de l’argent de la drogue...

    La porte d’entrée du continent européen est l’Espagne du fait du trafic maritime de ses ports et de sa proximité culturelle avec les latinos. 17 tonnes de cocaïne ont ainsi été saisies dans le pays en 1999. Le port de Rotterdam est une autre grande porte d’entrée sur le continent européen, le transit étant favorisé par l’activité portuaire et le climat de tolérance.

    Officiellement, la France ne serait qu’un pays de transit. C’est du moins ce qu’affirme la police française. En fait, tous les pays européens comptent environ 300 000 consommateurs de cocaïne, et si la cocaïne passe de France aux Pays-Bas, elle ne tarde pas à revenir dans l’hexagone. Toutefois la cocaïne ne pose pas de problèmes sanitaires ni de délinquance, elle est consommée dans des milieux aisés ne recourant pas à la violence ou au vol.

     

    La cocaïne, pas seulement en Amérique latine 

     

    Si la cocaïne est souvent associée à l’Amérique latine, le premier grand boom de cette drogue eut lieu, historiquement, en Europe, dans les années 1900-1930. Il eut lieu, cette fois encore, parmi les milieux aisés. Les territoires fournisseurs étaient les Hollandais, et Taiwan qui était sous domination japonaise. Aujourd’hui, on a de fortes présomptions pour qu’il y ait des

    plantations de cocaïers au Congo-Kinshasa... Si l’Amérique latine occupe une place de choix, il ne s’agit donc pas d’une place unique.

    L’argent des drogues bénéficie prioritairement aux banques des pays riches.


    Si la Colombie gagne 1 à 2 milliards de $ par an de la drogue, les cartels colombiens gagnent 40 milliards de $. La différence est placée dans les banques des pays riches. Les banques françaises profitent par exemple de leurs filiales dans les paradis fiscaux (Saint-Martin, Jersey, etc...). On peut donc en déduire que la dépénalisation diminuerait le profit des trafiquants et donc des banques des pays riches...

    . L'épidémie de l'usage de la cocaïne s'est développée à partir de la fin des années 1970, au point qu'au milieu des années 1980, environ 20 millions de citoyens américains avaient une fois au moins dans leur vie essayé cette drogue. Lorsque le marché des classes moyennes qui consommaient la poudre blanche, chlorhydrate de cocaïne, de façon récréative a été saturé, les trafiquants ont lancé, en 1984, un produit beaucoup plus nocif, le crack, une forme de base de cocaïne, destiné aux ghettos noirs où il a fait des ravages parmi près de trois millions de consommateurs. Le trafic était favorisé par l'utilisation que faisait la CIA des trafiquants de drogues pour apporter des armes aux contras,en échange de quoi elle fermait les yeux sur leurs importations de cocaïne aux États-Unis.

    Aujourd'hui les Etats-Unis mettent en avant le fait que le nombre de consommateurs de cocaïne s'est considérablement réduit depuis vingt ans et représente moins de trois millions de personnes. Ce qu'ils oublient de dire, c'est que ce noyau dur de consommateurs, absorbe autant de cocaïne que les vingt millions de consommateurs occasionnels des années 1980 et que la quantité de cocaïne qui circule aux Etats-Unis est donc toujours aussi importante comme le démontre le fait que, jusqu'en 2004, ni le prix, ni la pureté du produit, n'a augmenté dans les rues américaines. Selon le dernier rapport de l'Organe des Nations unies contre la drogue et le crime, 350 t de cocaïne sont importées aux Etats-Unis dont 100 à 120 t sont saisies, le reste consommé.

     

     


     

     




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